Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, jay rendu bien fort souvent tesmoniaige de vous à Notre St Pere, et
2nay failly de luy faire entendre les honnestes offres que vous m'aviez faictes pour
3le bien de son service, desquelles il ne vous a pas recogneu comme jeusse
4bien desiré. Mais si est ce que cest beaucoup davoir pourveu a une
5abbaye sans privation precedente et estant seculière la donner à ung
6religieux, masseurant que puis quil ne vous a remis que la moitié des
7fraiz pour ceste heure, quelque autre occasion se presentera de faire mieulx,
8et cependent, puisque par voz lettres du XXVIIIe du passé qui me furent
9rendues hier vous m'en demandez mon advis, il me semble que vous en
10devez faire bonne lettre de remerciement qui soit en françois, attendu que le
11roy escrit ce mesme langaige et que les princes escrivent aussi en françois
12et pour le regard de notre tresve avec monsieur de Montbrun, il se courousse
13quant je ne luy fais fournir les huict mil livres qui ont esté promises,
14mais daultant que depuis notre accord ses hommes ont couru et faict
15plusieurs ravaiges et quil ne rend pas Modene en lestat quelle estoit
16lors de sa prinse comme les articles portent, je ne veulx entrer
17en aucune execution dudit accord que telz excez ne soyent reparez, masseurant
18que je ne puis esperer rien de mieulx à ladvenir que ce qui a esté faict
19sur le commencement, oultre que dans quatre ou cinq jours, monsieur le marechal
20sera resolu si la conferance se doibt faire et que ce me sera ung grand
21advantaige dentendre si vous prorogerez votre suspention dont je vous
22prie madvertir, afin que tous allions dun mesme trin, et que la bonne
23intelligence accomode noz affaires. A quoy jadjousteray que je ne cuyde
24pas qu'il soit possible d'establir une bonne et ferme paix tant quil sera
25permis à ceulx de la religion de courir pour les contributions, qui est cause
26quil me sembleroit très expedient de les changer en quelque façon qui
27napportast point tant de maulx comme lesdites contributions, de quoy touttesfois
28[99 v°] je me remectz à votre prudent et saige advis et pour le regard des [nouvelles de]
29la court, je n'en ay sinon quelque bruict qu'il se faict de la [mort de]
30la royne, et que nous aurons à Lyon le roy dans peu de temps [qui]
31me semble nous estre bien utille et je le desire comme des[tre]
32en votre bonne grace, à laquelle je me recommande bien affectueusement
33et de bon cueur et prie Dieu de vous donner
34monsieur, en bonne santé heureuse et longue vye. D'Avignon, le
35IIIIe de febvrier 1574.
36Votre plus affectioné et mellieur
37à vous honorer et servir comme frere Card.
38D'armaignac.